mardi 14 mars 2017

De la révolution des esprits en Occident

          Voilà bientôt un an que j’avais écrit « Des bienfaits du complotisme »[1] en annonçant en fin d’article « Et c’est ce doute interdit par la bien-pensance mais permis par la liberté qu’offre l’Internet qui débouchera inévitablement sur la prochaine révolution des esprits, tant que notre chère liberté numérique reste en l’état. Pour combien de temps encore ? Nous le saurons plus vite qu’on ne le pense. »

Eh bien, plus vite qu’on ne le pense, je ne m’attendais pas un intervalle de temps aussi court. Il faut dire que les années 2016 et 2017 étaient annonciatrices de lendemains qui chantent[2]. A la différence, de Vaillant-Couturier, un des fondateurs du PCF,  au XXIème siècle, la révolution des esprits – et non plus le communisme –  sera ou ne sera pas. Au regard de l’année qui est passée, tout semble à croire que cette révolution se fera. Le Brexit a ébranlé l’Union européenne avant même d’avoir été adopté juridiquement au moment où j’écris ces lignes et Trump a été élu 45ème Président des Etats-Unis d’Amérique.

La liberté numérique, bien qu’attaquée de toute part par l’establishment (avec les fameuses « fake news » et ses attaques contre la liberté d'expression) a résisté et résiste encore aujourd’hui.  Alors, tout devient possible pour que la France épouse le mouvement de cette vague révolutionnaire des esprits. Une fois de plus dans l’histoire (depuis 1689), les Anglo-Saxons auront été les précurseurs.  Une fois de plus, peut-être, à l’image de 1789, la France ébranlera l’Occident.

Dans un peu plus d’un mois aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle française et tous les regards attentifs se portent sur l’Hexagone, car ces derniers savent bien que rien ne sera plus jamais comme avant, dès  que la « Grande Nation »[3] aura décidé de rencontrer son histoire.

Des candidats anti-establishment, il semble y en avoir de toute part sur la scène politique française et même quand les mots n’ont plus de sens à l’endroit d’un candidat pro-establishment osant défier le bon sens en se présentant comme révolutionnaire[4] ou antisystème[5]. De Marine Le Pen, en passant par Emmanuel Macron ou encore Jean-Luc Mélenchon, ces candidats souhaitent faire bouger les lignes en tapant sur l’UE, sur les riches, sur les pauvres, sur les multinationales, sur les immigrés, sur la chienlit ou encore le terrorisme. Alors quoi, Marine Le Pen propose un référendum sur une sortie de l’UE si elle ne peut négocier quelques souverainetés (un déjà vu outre-manche qui n’a pas réussi à l’ancien Premier ministre), Macron propose une France jeune et dynamique (sic) et Jean-Luc Mélenchon propose un plan A, un plan B, en fait – soyons honnêtes – un plan SYRYZA[6].

Alors, il reste qui ? Personne ne l’avait vu mais pourtant il est là, et bien décidé à créer la surprise. Ce nouveau monsieur s’appelle François Asselineau[7], un énarque qui souhaite une triple sortie (UE-Euro-OTAN) et qui base son programme sur le Conseil national de la Résistance, rien que ça ! Réussira-t-il son pari ? A savoir cristalliser l’opinion publique française autour de son mouvement étonnant, fort de 18 000 adhérents ? Tout porte à croire que dans ces temps extraordinaires que nous vivons, l’impensable peut parfois surgir de l'abyme et comme Napoléon le disait, coincé au pied de l'étroit col de Somosierra face aux batteries espagnoles en 1808 « impossible n’est pas Français ». Il ne reste plus qu’aux Français d’écrire l’Histoire, une fois de plus.        

C.B.

Notes:   



[1] http://candidebardama.blogspot.com/2016/03/des-bienfaits-du-complotisme.html
[2] « Je crois toujours, cette nuit, que mon cher Paul Vaillant-Couturier avait raison de dire que le communisme est la jeunesse du monde et qu'il prépare des lendemains qui chantent »
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Nation
[5] http://www.huffingtonpost.fr/2016/07/13/meeting-macron-presente-antisysteme-critiques-rivaux-hidalgo-cosse_n_10958160.html
[6] http://www.lemonde.fr/crise-de-l-euro/article/2015/07/10/les-decus-du-non-expriment-leur-desarroi-place-syntagma_4679018_1656955.html
[7]Le mouvement politique de François Asselineau (UPR)

mardi 29 mars 2016

Des bienfaits du complotisme

Le monde de 2016 est un monde en ébullition, un monde en mouvement permanent. Jamais l'Humanité n'a été autant interconnectée, liée dans son sein sur tous les aspects : interculturel, mixité sociale, ethnique, religieuse, économique, politique... 

C'est ce que l'on appelle la mondialisation, bien que le terme anglophone de "globalization" serait à mon égard plus précis et plus adéquat. La mondialisation des échanges est une vieille lune. Certains historiens la font démarrer au sortir de la Seconde Guerre mondiale voire à la fin des Trente glorieuses avec la mondialisation des échanges et son accélération. Bien que la mondialisation ait existé de tout temps[1], le terme tel qu'on le comprend aujourd'hui se réfère à un processus global par lequel les échanges de biens et de services, capitaux, hommes mais aussi diverses cultures se développent à l'échelle planétaire et créent des interactions et des interdépendances suivant des niveaux et degrés variables. La mondialisation est donc un mot - tout comme l'est sa substance - global. Les améliorations technologiques ont permis l'essor de cette multiplication des échanges, la démographie qui a énormément augmenté ou encore l'essor de pays aupravant en retard - voire très en retard - économiquement, participent de façon certaine à cette accélération.

Je ne compte pas ici traiter des défauts ou des bienfaits du capitalisme globalisé ; la littérature, les articles de presse, de blogs sur le sujet sont légions. Mais il est important de considérer le cadre dans lequel nous vivons et de comprendre comment les réseaux (politiques et médiatiques) organisent leur suprématie en ayant notamment mis en avant le concept de théorie du complot. Ce phénomène monté en épingle par le pouvoir médiatique et politique , à savoir le Complotisme, est médiatisé et martelé quasi quotidiennement par les canaux d'informations dominants afin de le démonter, le moquer, l'amalgamer, le dénigrer et enfin permettre a fortiori de décrédibiliser tout adversaire ou toute idée néfaste au nouvel Ordre en place. 

Qu'est-ce que le complotisme ? 

Tout d'abord, il convient de préciser que le terme est un néologisme issue de la théorie du complot. Plus qu'une rumeur, cette théorie propose (selon Wikipédia) de donner une vision de l'histoire perçue comme le produit de l'action d'un groupe occulte agissant dans l'ombre. 

La première théorie du complot trouverait son origine dans la Révolution française à la fin du XVIIIè siècle. Frédéric Chapier s'appuie sur les "Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme" de l'abbé Augustin Barruel qui exposait l'idée selon laquelle la Révolution française n'était en rien un mouvement spontané populaire mais bien une conspiration antichrétienne. Aujourd'hui, dire cela pourrait doucement nous faire rire. On connaît bien l'histoire de la Révolution, ses défenseurs, ses détracteurs, ses penseurs. D'une manière factuelle, on remarque qu'un ordre ancien établi sur des valeurs chrétiennes et aristocratiques s'effondre pour laisser place à l'égalité politique (non pas économique), au libéralisme et à la propriété de chacun. La Bourgeoisie, d'obédiance libérale, aspirait fortement à détruire l'ordre ancien où le sang et la Croix gouvernaient les choses pour laisser la place à la loi du marché et du capital. Il serait faux de dire que seule cette bourgeoisie était excédée par l'ordre de l'Ancien régime, le peuple rencontrait des difficultés économiques sans commune mesure pour l'époque. La Faim, c'est donc cela qui a permis le soulèvement des foules. Quel paysan en 1789 serait mort sous la mitraille pour plaider en premier lieu son attachement à la propriété ? Ce qui l'agitait avant tout, c'était de s'endormir le ventre plein et en bonne santé. Alors oui, l'égalité politique est un grand principe et les Lumières de ce siècle ont théorisé de la façon la plus admirable les bons principes de l'égalité politique. L'égalité politique a donc été la première étape, il restait à faire l'égalité économique, à quoi, des décennies plus tard, les régimes marxistes ont tenté - en vain - de mettre en œuvre. 


L’ordre de l’Ancien Régime a été remis en cause sur un simple postulat. Le doute. C’est sur cette base fondamentale que les philosophes des siècles précédents ont pensé. Le doute, remettre en cause la vérité révélée, raisonner sur la logique. Par conséquent, il devenait inévitable de remettre en cause l’existence de Dieu et par là même, remettre en cause le pouvoir divin du Roi et la légitimité de toute la noblesse. Le doute est propre à l’homme car il est doué de raison.

Le doute est l’essence même du complotisme. Des informations officielles du Pouvoir, aujourd’hui représenté par le Capital, les médias et toute autre officine accréditée nous abreuvent chaque jour de dépêches, d’articles, de brèves, de twitt et nous devrions les accepter comme une preuve de foi, comme une véritée révélée, une vérité divine ? Seul un croyant mystifié ou aliéné accepterait un tel postulat. C’est pourquoi tout complotiste en son sein, est un être humain doué de raison et de réflexion aspirant tout simplement à la vérité. Le citoyen de base qui ne penserait pas selon la doxa de la bien-pensance serait donc un complotiste et serait mis au ban de la société pour délit d'opinion. On se retrouve sous l'ère soviétique du musellement des opposants politiques. Au XXIè siècle, cette dénonciation au mépris public revêt une enveloppe idéologique tout autre. Faut-il encore le rappeler mais le marxisme-léninisme a perdu et disparu véritablement en 1991, bien que quelques pays se réclament encore de cette idéologie. Non, la mise au ban n'est plus le Goulag mais l'invective publique. Le camp de rééducation est devenu médiatique et les procédures judiciaires, le bras armé de la bien-pensance depuis la loi Pleven de 1972. La liberté d'expression authentique est devenue un mythe lointain dont on ne peut qu'idéaliser et envier avec nostalgie. 

Alors oui, il y a de tout dans le complotisme, des spécialistes ufologues douteux aux membres de sectes loufoques en passant par les adeptes de la théorie des chemtrails. Je ne m’étendrai pas sur ce dernier sujet, je suis un profane en la matière. Mais il y a aussi des thèses plus intéressantes, ceux qui cherchent les racines profondes et les clés de compréhension de notre monde libéral globalisé. Tout déviant - c'est-à-dire tout opposant sérieux au Système - , remettant en cause une thèse officielle sera traité d'abruti, de fasciste, de nazi, d’antisémite, de pétainiste, que sais-je encore ; toutes les insultes tétanisantes sont bonnes à prendre et à employer pour les défenseurs de notre Ordre nouveau.

Il reste que bons nombres de citoyens n’y croient plus, ne veulent plus y croire. Et c’est ce doute interdit par la bien-pensance mais permis par la liberté qu’offre l’Internet qui débouchera inévitablement sur la prochaine révolution des esprits, tant que notre chère liberté numérique reste en l’état. Pour combien de temps encore ? Nous le saurons plus vite qu’on ne le pense.

C.B.

Notes : 

[1]Le terme globalization – de l’Anglais américain globalize –  est réputé inventé par l’économiste Theodore Levitt dans un article « Globalization of Markets » publié dans la revue Harvard Business de mai-juin 1983. Le terme existait auparavant – le terme a notamment pu apparaître en 1959 dans le journal britannique The Economist –  mais c’est bien Levitt qui popularisa le terme dans le deuxième moitié des années 1980.